(le plaisir est réciproque
)
Le village avait fait son choix : ils n'aimaient plus Zarkal. Il était bien gentil, avec son chien en bois et sa vieille pioche, mais il n'était certainement pas riche. Et quand on le lui fit remarqua, il n'inventa qu'une excuse maladroite, disant qu'il s'était trompé de mine et était tombé sur du charbon. Pendant trois jours. Excusez du peu.
C'est donc bien logiquement que la mort de Zarkal fut décidée. Les villageois se jetèrent sur lui, le ruèrent de coups, le mirent à nu, et l'attachèrent sur l'autel de Lalaru la Sadique. Alors, comme chaque jour et chaque nuit, Lalaru descendit du nuage d'orage qui lui servait de lit, et elle observa la situation. Mais ce soir là, elle bailla et retourna se coucher. La journée avait été éprouvante, même pour elle.
Devant l'autel cependant, se tenait son légendaire artefact, le Coffre à jouet ; et sur ce coffre, un nom : ZeDorkSlipeur.
Ce fut d'abord Zarkal qui remarqua le nom sur le coffre, mais il se garda bien de le dire. Ensuite Ben remarqua qu'il y avait quelque chose sur le coffre, Végéta déclara qu'il était le prince des sayïens, Sheppard alla voir et annonça à tous que le rang de Végéta ne voulait plus rien dire. Sarouman, le maire, déclara alors au nom de son grand âge et de sa blancheur qui n'a rien de multicolore : « Au nom de mon grand âge et de ma blancheur, ainsi que de mon statut de maire, je demande à notre chirurgien ZeDorkSlipeur de soigner Zarkal, que notre déesse a choisi d'épargner. »
Il y eut quelques cris d'indignations, d'autres de joie, et d'autres de profonde indifférence. ZeDorkSlipeur, en ce qui le concerne, était ravi. Il s'avança jusqu'à l'autel et vit alors son nom sur le coffre. En silence et rapidement, il prononça une prière pour Lalaru, puis se mit au travail.
Il commença par ouvrir le coffre à la recherche de matériel médical, plus précisément d'un stéthoscope. Il n'en trouva pas mais trouva des entonnoirs, des sacs, des bouts de ficelle et un tuyau, ce avec quoi il se fabriqua une réplique presque parfaite du véritable engin. Il reçut même des applaudissements pour son ingéniosité et son professionnalisme.
À l'aide de ce stéthoscope de fortune, il induit que Zarkal n'était pas dans son assiette et était en fait sans doute malade. Aussi, en bon docteur, lui demanda-t'il ensuite de tirer la langue en disant « amen ». Quand Zarkal le fit, ZeDorkSlipeur lui pressa la langue à l'aide d'une toute petite planchette de bois. Le « amen » de Zarkal était très irrégulier et celui-ci donnait des coups de tête à droite et à gauche, heureusement que celle-ci était retenue par une judicieuse sangle contre son cou.
« Hmm, je vois », vit ZeDorkSlipeur. Il retira d'un coup sec la planchette et un filet de sang la suivit. Sous la planchette, se cachait un petit clou. Derrière le petit clou, dans la trajectoire de la planchette, se trouvait une langue maintenant scindée en deux. Et poussé depuis derrière cette langue, un grand cri de douleur, plus aigu qu'un ténor, presque soprano. La virilité de Zarkal en prenait un coup.
« Oh, je n'avais pas vu que votre langue se trouvait dans un tel état, mon cher ami. J'en suis profondément désolé. Laissez moi vous la réparer, cela doit être affreusement douloureux. »
Zarkal parvint à suffisamment tourner la tête pour signifier « non », mais ZeDorkSlipeur insista : « Si, cela
doit être affreusement douloureux. »
ZeDorkSlipeur fouilla une nouvelle fois dans le coffre, à la recherche de plus de fil, ainsi que d'une aiguille. Il n'en trouva cependant pas à sa convenance, ni de l'un, ni de l'autre. Heureusement, il trouva un vilebrequin.
« Mon cher ami, introduit le chirurgien, je ne dispose malheureusement pas de fil chirurgical. Cependant, je suis en mesure d'utiliser votre nerf optique. C'est un nerf très long qui s'étend jusqu'au fin fond de votre appareil digestif, vous verrez qu'il n'y aura guère de souci.
— 'erf o'ique ? », interrogea le patient, dont le regard incarnait l'impatience et la curiosité. En fait non, il avait la trouille.
« Parfaitement, le nerf optique, celui de votre œil gauche pour être exact. Rassurez vous, vous ne verrez rien. »
Sans attendre de Zarkal qu'il fasse connaitre son accord, ZeDorkSlipeur commençait déjà à visser le vilebrequin sous sa paupière droite, sous les cris du mineur. Trois coups de manivelle plus tard, l'œil se dégonflait vulgairement et laissait s'inonder de pus, de sang et de larmes le visage de Zarkal.
« J'ai eu raison de d'abord tester avec l'œil droit, se félicita le chirurgien. Il faut donc que j'y aille plus doucement pour ne pas abîmer l'œil ».
La seconde opération fut bien plus longue, au grand malheur de Zarkal qui n'en pouvait plus de perdre tous les fluides de son corps, mais en fin de compte, l'œil fut extrait en entier, le nerf encore attaché. ZeDorkSlipeur sectionna ce dernier, et lança l'œil au chien qui n'attendait que cela pour jouer. L'animal fut d'abord déçu que la ba-balle lui éclate dans les babines, mais il fut satisfait de son goût et le voilà dès lors qui adhère à tous les mouvements du chirurgien pour en quémander plus.
Lui, pendant ce temps, en était à tirer le nerf jusqu'à en avoir suffisamment pour réparer la langue de son patient. Puis, à l'aide de son vilebrequin comme aiguille de fortune, il cousu. Coudre n'était pas le fort de ZeDorkSlipeur, il était plus spécialisé dans les plaies ouvertes, et qui plus est, coudre avec un vilebrequin est une tâche ardue. Il fut quand même satisfait du résultat : à défaut d'une langue bien recousue, il n'y avait plus rien qui soit digne du nom de langue. Que diable, s'il n'y a plus d'organe malade, c'est qu'il n'y a plus d'organe malade ! Zarkal, lui, n'articulait pas d'opinion.
Avec tout ça, ZeDorkSlipeur en avait presque oublié que son patient était malade et qu'il était en plein diagnostic. Il inséra son doigt dans l'oreille de celui-ci, puisqu'il n'avait pas de thermomètre, il l'inséra autant qu'il put. Il jugea de nez que les température de Zarkal était beaucoup plus élevée que la norme, cela s'annonçait donc mal pour lui. Au sang qui filait à présent de l'oreille inspectée, il déduisit que le problème était sans doute d'ordre cérébral. Pour l'instant, il colmata la brèche à l'aide d'un gros bouchon de liège planté à l'aide d'un clou planté à l'aide d'un marteau frappant au rythme des hurlements, et il entreprit de finir le diagnostic.
D'abord, il présenta sa main devant le village de Zarkal et lui demanda combien de doigts il tenait dressés. Zarkal ne sut que répondre. Cela confirmait l'hypothèse des troubles cérébraux. À ce moment, l'hypothèse de ZeDorkSlipeur était que les longs séjours de Zarkal dans sa mine l'avaient empoisonné.
Pour le vérifier il appuya sur le foie de celui-ci et lui demanda ce qu'il ressentait. Comme Zarkal ne sut alors dire que « aïe » de manière lente, plaintive et répétée, ZeDorkSlipeur ne put que en conclure l'exactitude de son diagnostic.
Décidant qu'il fallait faire vite, le chirurgien extrait un couteau à pain du coffre, à défaut de scalpel. Pénétrer et couper la peau et la chair s'avéra plus difficile qu'avec l'instrument dédié, mais le couteau à pain avait en revanche l'avantage surprenant d'emporter et d'écarter la peau et les organes alentours qui auraient risqué de gêner l'opération. En fait, pour plus de confort, ZeDorkSlipeur décida même dans la foulée de retirer toute la peau de toute la face antérieure du torse de Zarkal : il aurait alors un accès plus facile à tous les organes.
Ce qu'il vit dès lors ne le réjouit point. Non seulement le foie, mais aussi les autres appareils de Zarkal étaient dans un sale état. Soit il était victime de multiples empoisonnements différents et de deux ou trois cancers, soit il avait été sévèrement tabassé puis ouvert sans considération pour sa sécurité. Sans doute un mélange égal des deux. Quoi qu'il en soit, il fallait remplacer au moins un de ses reins, amputer une partie de son foie, retirer son appendice, et raccourcir son intestin grêle ; pas une petite intervention donc.
Pour commencer, ZeDorkSlipeur chercha tout ce qui pouvait l'aider dans le coffre. Il trouva une pompe qu'il pourrait utiliser comme substitut au rein abîmé, c'était une bonne chose, ainsi qu'une hache au cas où le couteau s'avère insuffisant, voilà qui était excellent.
Hache qu'il utilisa d'ailleurs tout de suite, celle-ci s'avérant bien plus pratique que le couteau à pain pour obtenir une coupe droite et belle. Il trancha tout ce qu'il devait trancher, et à chaque fois il y eut un « TOC ! », et à chaque fois il y eut un « AAR'H ». Il était d'ailleurs surpris que Zarkal soit toujours conscient, d'habitude à ce stade là le patient s'évanouit et cela fait office d'anesthésie. Ce qu'il ne pouvait pas voir depuis sa position, est l'halo de lumière dans lequel baignait l'autel : Lalaru offrait à Zarkal sa bénédiction, pour l'aider à rester éveillé au travers de cette salvatrice épreuve.
Après avoir retiré tout ce qu'il fallait retirer, et l'avoir donné à manger au chien qui n'en pouvait plus de sauter de joie, ZeDorkSlipeur installa la pompe à la place du rein, et il referma la peau à l'aide de clous judicieusement placés, et de quelques vis aussi parce que ça tient mieux. Une cuiller en bois se chargea de récupérer le sang perdu et de le faire ravaler à Zarkal, parce qu'il était quand même dangereux de perdre trop de sang, et voilà, c'était terminé.
ZeDorkSlipeur détacha Zarkal qui ne bougeait plus depuis longtemps de toutes façons, le fit se lever en le soutenant sous l'épaule, et le fit se rasseoir, en insistant bien puisqu'il voulait rester debout. Zarkal poussa alors un énième cri, qui devait être du au mauvais état de son cerveau. Malheureusement, ZeDorkSlipeur ne pouvait opérer cette partie là avec ce matériel-ci, il faudra que le mineur se contente d'une semi-guérison.
Sous les applaudissements émus, ZeDorkSlipeur alla rejoindre les villageois, fier d'avoir accompli un très difficile travail.
Sous Zarkal, la pioche sur laquelle il était assis, pointe vers le haut, l'autre pointe profondément plantée dans le sol. Devant Zarkal, son fidèle chien, qui avait senti la si délicieuse odeur du sang humain. Dans l'esprit de Zarkal, une seule réalisation : il était sauvé. Il n'entendait plus la voix du chirurgien, ne sentait plus de nouvelle douleur. Tout était fini, et il était par miracle encore en vie. Peut-être a t'il eu tort de douter des méthodes de ce chirurgien, peut-être lui a t'il réellement sauvé la vie ? Le chien se lèche les babines une fois de plus.
(je laisse à Lalaru le soin d'achever le client, comme ça ça lui permettra d'introduire la révélation de son rôle comme il le lui conviendra le mieux)